Extrême droite et principes républicains

Les partisans de l’extrême droite tentent, depuis quelques années, de faire croire que leur idéologie serait compatible avec les principes républicains. Quelques rappels s’imposent :

1 – Qu’est-ce que les principes républicains ?

L’article 1er de la Constitution proclame que « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ».

L’indivisibilité de la République se traduit par l’idée qu’aucune partie du peuple ni aucun individu ne peut exercer la souveraineté nationale. Seul le peuple dans sa totalité exerce cette souveraineté par la voie de ses représentants ou du référendum.

Il en résulte une unité et une indivisibilité qui garantissent une application uniforme du droit sur l’ensemble du territoire national.

La laïcité de la République découle à la fois du principe de la liberté de conscience et du principe d’égalité des citoyens devant la loi et implique la séparation des Églises et de l’État.

L’État ne reconnaît ainsi aucun culte ni ne privilégie aucune religion et chaque individu se voit garantir la liberté de ses opinions et de sa foi.

En outre, une République démocratique implique non seulement le respect des libertés fondamentales et la désignation des différents pouvoirs au suffrage universel, égal et secret.

Enfin, c’est parce qu’elle affirme le principe d’égalité que notre République est dotée d’un caractère social. Il s’agit de contribuer à la cohésion sociale et de favoriser l’amélioration de la condition des plus démunis.

2 – L’extrême droite est-elle républicaine ?

La matrice idéologique de l’extrême droite, depuis le général Boulanger (1837 – 1891), l’un de ses premiers leaders jusqu’au mouvement créé au début des années 1970 par Jean-Marie Le Pen, a toujours exprimé un profond mépris à l’égard de la République et de ses principes essentiels. Longtemps appelée la Gueuze, de manière péjorative, d’abord par les royalistes, ensuite par les Ligues qui voulaient la faire tomber durant les années 1930, la République est une cible pour ce courant idéologique. Les continuateurs et héritiers de Jean-Marie Le Pen tentent de réhabiliter l’image de cette mouvance, mais on continue de percevoir, dans leur discours, des formes de rejet des institutions républicaines et, surtout, sous une forme ou sous une autre, du racisme et de la xénophobie, une critique acerbe des valeurs essentielles et une remise en cause des acquis en matière de défense des droits humains.

L’extrême droite qui a « édulcoré » son propos tente, depuis la mise à la retraite du fondateur du Front national, d’opérer une véritable OPA sémantique sur la notion de laïcité qu’elle transforme en une arme politiquement correcte contre les seuls musulmans et les étrangers. La laïcité ne correspond alors plus au principe de séparation des Églises et de l’État ni comme un bouclier face aux offensives des religions et notamment de leurs intégrismes, mais elle est utilisée comme une arme contre l’islam et l’immigration. Ainsi, les partisans de l’extrême droite se montrent souvent très complaisants à l’égard des extrémistes catholiques par exemple en mettant en avant, comme « argument », les « racines chrétiennes de la France ».

Au sujet de la démocratie, l’extrême droite annonce fréquemment vouloir « changer la Constitution « et propose régulièrement : la suppression du Sénat, l’abrogation du pouvoir constituant de l’Assemblée, la limitation du contrôle du Conseil Constitutionnel, la renégociation de la Convention européenne des droits de l’homme, l’inscription du principe de la « préférence nationale » dans le préambule de la Constitution ou encore la modification du scrutin électoral.

Sur le plan social, l’idéologie est historiquement anti-égalitaire. Elle est fondée sur le respect des « hiérarchies naturelles » entre les groupes sociaux et les « races » et s’oppose à l’égalitarisme social c’est-à-dire la redistribution des richesses.

De nos jours, même si l’extrême droite reprend parfois le vocabulaire égalitariste, elle utilise cette « évolution » langagière pour mieux en saper les fondements puisqu’elle réserve l’application des principes de la justice sociale aux « bons Français » seulement. Elle entend également restreindre le droit du sol, s’oppose à la parité, au mariage homosexuel ainsi qu’à la lutte contre toute forme de discrimination.

Autrement dit, malgré un nouveau marketing, l’extrême droite se positionne toujours à l’opposé des principes républicains.