De la lutte des classes à la « lutte des races » ?

Nous assistons depuis quelques années à un retour de la “race” dans le débat public, notion que l’on croyait pourtant rayée de l’histoire depuis la victoire sur le nazisme. Cette racialisation du débat participe en fait d’un courant qui entend associer absolument toute discussion à la question des discriminations qu’elles soient réelles ou supposées.

Désormais, toute analyse est faite à travers le prisme de la couleur de peau, de l’origine géographique, de la communauté religieuse, mais aussi de la différence de sexe ou encore de l’orientation sexuelle.

C’est le propre de ce discours indigéniste, racialiste ou décolonial, qui s’est imposé à la faveur de médias complaisants et mêmes d’institutions qui s’évertuent à mettre en accusation la France, État prétendument « raciste ». Serions-nous véritablement dans un « racisme systémique » qu’il faudrait dénoncer ?

En réalité, cette approche qui omet complètement et volontairement la discrimination d’ordre social, plus universelle, montre que nous sommes passés, dans certains milieux se réclamant de la gauche, de la lutte des classes à la guerre des races.

Remplacer l’ouvrier par le « racisé »

Ayant perdu leur base populaire, constituée au départ d’ouvriers, plusieurs partis et acteurs politiques ou des militants se réclamant des valeurs de gauche ont préféré aller à la conquête de son remplaçant : le « racisé ».

Car alors que la lutte des classes ne voyait la société que sous le prisme d’une société hiérarchisée et divisée en classes sociales, le racialisme lui, analyse chaque situation sociale sous le prisme de la « race » et des éventuelles discriminations qui en découlent. Et une grande partie de la gauche, en manque d’électorat « victime », est allée chercher ce que le racialisme considère comme les grands (et seuls) persécutés de notre société. Ainsi, souvent, certains acteurs politiques s’inventent des « discriminations » même lorsque celles-ci n’existent pas. L’application de la laïcité à l’école et l’interdiction de signes religieux, dont le voile islamiste, est ainsi souvent décrite par ces milieux comme une « pratique discriminatoire ». On n’hésite plus alors à jeter l’opprobre sur le monde enseignant quand il cherche à faire la promotion de la laïcité, comme valeur émancipatrice, et surtout lorsqu’il veille à son application.

Ces milieux racialistes souscrivent finalement à une vision raciste de la société, c’est-à-dire parfaitement à rebours de ses anciens idéaux universalistes et émancipateurs.

Certes, une partie de la gauche, reprend l’un de ses anciens combats, la lutte contre le racisme, mais en le dénaturant complètement, notamment en reprenant à son compte un vocabulaire racialiste et raciste (celui de la distinction entre « Blancs », « Noirs » et « Musulmans »), contraire aux idées humanistes et universalistes qui étaient au cœur de ses combats historiques.

Ainsi, on assiste à une rupture d’avec la gauche antiraciste et anticléricale voire à une opposition au modèle républicain que la gauche a toujours soutenu. Il est, par ailleurs, assez intéressant de constater que cette évolution se voit principalement au sein de la pierre angulaire du principe d’égalité : l’enseignement.

L’autre conséquence réside dans le fait que la gauche a complètement mis de côté son électorat populaire non issu de l’immigration et a donc ouvert la porte à un boulevard pour l’extrême droite ce qui par ailleurs et de façon tout à fait contradictoire, n’est absolument pas dans l’intérêt de l’électorat français issu de l’immigration qu’elle dit défendre.

Conséquence de ce qui précède, la gauche se retrouve désormais complètement délégitimée dans la lutte « pour les pauvres » au profit des populistes des « droites nationalistes » qui promettent de construire des barrières et des murs protectionnistes pour défendre les populations modestes et insécurisées blanches des prétendus excès de la mondialisation et de l’immigration.